Témoignage de jardinier, les oyas au potager

Témoignage de jardinier, les oyas au potager

Alain, jardinier à Rochefort du Gard. Entretien réalisé en juin 2021.

Alain est un jardinier amateur, son potager se situe dans le Sud Est de la France à Rochefort du Gard. En 2021, il entreprend la transition permaculturelle du potager familial, cultivé de façon classique depuis de nombreuses années. Fort des connaissances transmises par son père,  Alain nous révèle aujourd’hui le résultat de ses expérimentations en matière d’arrosage et plus particulièrement l’utilisation des oyas au potager.

Les oyas sont des réservoirs d’eau en terre cuite. Cette technique utilisée par les Romains, consiste en la diffusion progressive dans la terre de l’eau contenue dans les oyas, grâce à leur texture poreuse.

– Bonjour Alain et merci de nous consacrer cet entretien.
Tu utilises les oyas depuis quelques temps maintenant, racontes-nous comment et pourquoi t’es-tu intéressé à cette technique.
– Tout jardinier se pose la question de l’apport en eau. L’arrosage est une contrainte du potager. Les étés sont de plus en plus chauds et secs dans notre région. Au fil des années, j’ai constaté que l’apport en eau avec un arrosage classique était trop important. Petit à petit, je me suis intéressé à la technique des oyas, afin d’optimiser cet apport en eau dans mon jardin potager.
Ce qui m’a séduit avec cette technique, c’est le maintien de la fraîcheur et de l’humidité du sol. Je l’ai également associé à un paillage de mes plantations afin de limiter l’évaporation due au soleil et au vent.

– Peux-tu nous en dire plus sur le matériel utilisé, si tu a acheté ou fabriqué les oyas ? Quels conseils peux-tu donner aux jardiniers amateurs ?
– Au début, j’en ai bricolé quelques-uns en réutilisant des pots de fleur en terre cuite. J’ai rebouché les trous du fond avec des bouchons de lièges et j’ai recouvert chaque pot d’une soucoupe. Ceux-ci ont une contenance de 3,5 litres environ.
Puis, j’en ai acheté 5 chez un potier. Ils sont de forme cylindrique et d’une contenance de 2 litres environ [dimension 11 cm de diamètre et 30 cm de hauteur]. Il m’a expliqué que la porosité était obtenue par le mode de cuisson de la poterie.
Pour être tout à fait honnête, après un mois d’utilisation, je constate que les oyas fabriqués par un professionnel ont une meilleure inertie à la diffusion d’eau. Ceux bricolés se vident beaucoup plus rapidement.

– Un mot sur la technique ?
– Le principe est d’enterrer l’oya, en ne laissant dépasser que le trou permettant de le remplir en eau.

– Combien de surface cultivée couvres-tu avec un oya ?
L’oya au potager est enterré généralement au centre de quelques plantations gourmandes en eau telle que la tomate par exemple. Un oya combiné à un paillage du sol maintient la fraîcheur sur un rayon de 30 cm environ.

– A quelle fréquence remplis-tu tes oyas ?
– Les oyas que j’ai bricolés sont vides en 4 jours, je les remplis tous les 3 jours pour conserver le bénéfice de l’arrosage abondant effectué lors de la plantation des légumes. Ceux achetés se vident plus lentement, en 8 jours environ. Évidemment, la durée peut évoluer en fonction de la canicule, du mistral… nous sommes encore en début de saison estivale !

– Alain, tu utilises des oyas au potager depuis quelques semaines. Est-ce que tu es convaincu par cette technique ?
– Oui, je suis plutôt convaincu par cette technique. Je suis déjà très satisfait de la croissance de mes plants de tomates, poivrons et aubergines et potimarrons.
En revanche, cette technique peut ne pas convenir à tous les types de sol. Dans mon jardin, la terre est plutôt argileuse, avec un arrosage classique elle a tendance à se compacter. La diffusion progressive de l’eau à travers les parois de l’oya La diffusion progressive de l’eau permet d’éviter ce phénomène. Avec un sol d’une autre composition l’efficacité de l’oya pourrait être différente. A tester !

En effet, d’autres jardiniers en France pourraient nous faire un retour de leurs expériences. Pour finir cet entretien, quel conseil important donnes-tu aux jardiniers qui se lancent dans cette technique ?
– Lorsque l’on installe l’oya en terre, il faut arroser abondamment. Cette première étape permet à l’oya de mieux fonctionner, selon le principe des vases communicants.
Je conseille aussi de veiller à maintenir un paillage d’une épaisseur suffisante. La décomposition du paillage apportera aussi des nutriments au sol. Le mien est tout simplement constitué de tontes d’herbes préalablement séchées.

– Merci Alain ! Bonne récolte au potager !

Les conseils d’Alain pour la fabrication d’un oya

Ma conception de l’oya « maison » est simple : j’ai bouché les trous du fond de mon pot de fleur avec des bouchon de lièges et recouvert d’une soucoupe après le remplissage. La diffusion se fait au travers des parois du pot mais également les bouchons car leur emboîtage n’est pas parfait.

Lou vayu vous propose également la méthode de fabrication suivante, qui a l’avantage de limiter l’évaporation au maximum :

Matériel :

  • 1 pot en terre cuite diamètre 15 cm
  • 1 pot en terre cuite diamètre 17 cm
  • 1 bouchon à vin
  • de l’argile de poterie.

1. Bouchez le trou au fond du pot de 17 cm avec le bouchon à vin.
2. Retournez le pot de 15 cm et placez-le sur celui de 17 cm.
3. Fermez l’espace entre les 2 pots avec de l’argile.
4. Placez rapidement l’oya en terre an laissant ressortir le pot du dessus de quelques centimètres. Si vous tardez trop, l’argile séchera et formera des fissures.
5. Remplissez l’oya d’eau et arrosez abondamment le sol.

Cet oya peut contenir 2,5 L d’eau, correspondant à une autonomie d’environ 3 jours en été lorsque la température est d’environ 30°C en journée. Elle est suffisante pour irriguer une surface d’environ 1 m². Ces données sont à estimatives car de nombreux facteurs peuvent faire varier ces résultats : épaisseur et porosité de la poterie, climat, qualité du sol, etc…

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